The State of the Med.Marine&Coastal Env.- French

Principaux résultats concernant les pressions et l’état de l’environnement en Méditerranée

danger, vulnérables, ou quasi menacées. La surexploitation conduit aussi à des modifications de la structure communau- taire, du réseau trophique et, en définitive, des processus éco- logiques et de la fourniture des services écosystémiques. Les prises accessoires, les méthodes de pêche non sélectives et les pratiques de pêche destructrices constituent d’autres pressions liées à l’activité de pêche intensive en Méditerranée. Pour gérer efficacement la pêche, il est indispensable de comprendre comment ces multiples pressions réduisent les limites soute- nables des prises, dans une région du monde dans laquelle les produits de la mer sont vitaux du point de vue culturel et économique. Bien qu’elle soit présentée comme un moyen de réduire la pression sur les stocks sauvages, l’aquaculture, qui s’est sensiblement accrue depuis les années 1990, est à l’ori- gine de nouvelles pressions. Parmi ces dernières se trouvent la pollution organique qui conduit à une eutrophisation et à une éventuelle anoxie des communautés benthiques, la pollution inorganique à travers le rejet d’antibiotiques et de biocides et l’introduction d’espèces non indigènes. • L’intégrité du fond de la mer est principalement touchée par le chalutage de fond, mais aussi par le dragage et les installations offshore. C’est à la marge occidentale de la mer Adriatique et à l’extrême-ouest de la mer Ionienne que les pressions dues au chalutage de fond sont les plus importantes. La pêche de fond et le dragage conduisent à une remise en suspension des sédi- ments et des organismes, et à des changements dans la struc- ture des communautés benthiques. Les conséquences des ins- tallations offshore ne sont pas très bien documentées. • Des modifications des conditions hydrologiques causées par une perturbation locale des schémas de circulation du fait de structures artificielles, par des changements dans les flux d’eau douce se jetant dans la mer, le rejet de saumure par des usines de désalinisation ou du fait du changement climatique influencent à la fois les zones littorales et les zones offshore. Les modifications des flux d’eau douce affectent aussi le transport de sédiments vers la zone côtière à proximité des embouchures, et agissent sur la stabilité du littoral et sur des systèmes clefs, comme les dunes. • Les chaînes alimentaires marines ont souffert des pressions exercées par les pêches. De ce fait, on estime que les prises ont baissé d’un niveau trophique en moyenne au cours des cinquante dernières années, les méduses sont en recrudes- cence et le nombre d’espèces de grands prédateurs baisse. • Pour finir, l’état de la biodiversité reflète les effets cumula- tifs des pressions touchant l’environnement marin et côtier méditerranéen. Bien que la diversité soit toujours élevée en Méditerranée, certaines espèces de reptiles, de mammifères marins, d’oiseaux, et de poissons atteignent des niveaux de population dangereusement bas. La Méditerranée abrite éga- lement un large éventail d’habitat d’importance commerciale, écologique et culturelle. Nombreux sont ceux subissant toute une variété de pressions. Il s’avère que de nombreuses zones offshores, dans lesquelles les upwellings se développent et où les monts sous-marins fournissent un habitat important, sont situées au-delà des juridictions nationales, ce qui com- plique encore davantage la situation.

La présente analyse, principalement basée sur des informations contenues dans le rapport d’évaluation initial (PNUE/PAM 2012) et complétée avec des informations à jour tirées de rapports et publi- cations évaluées par les pairs, permet de résumer les pressions, l’état et les impacts connus de chacun des enjeux identifiés suivants : • Le développement et l’étalement côtier, entraînés par le déve- loppement urbain et touristique, conduit à la fragmentation, à la dégradation et à la disparition d’habitats et de paysages, notamment à la déstabilisation et à l’érosion du littoral. Si toute la zone côtière mérite de l’attention, une attention par- ticulière devrait être portée à la dégradation des zones de transition, notamment les deltas, les estuaires et les lagunes côtières, qui constituent des zones critiques d’alevinage pour les poissons commercialisés et qui accueillent des assem- blages uniques d’espèces. • La contamination chimique des sédiments et du biote, due à la pollution émise par l’urbanisation, l’industrie, les agents antisa- lissures et le transport atmosphérique. Bien que dans de nom- breuses régions méditerranéennes, du fait de l’amélioration des contrôles des rejets des pollutions d’origine tellurique, les conditions environnementales s’améliorent en ce qui concerne certains polluants, les contaminations liées aux substances dan- gereuses restent un problème dans de nombreuses régions. • L’eutrophisation, causée par l’apport d’origine humaine d’élé- ments nutritifs dans les eaux marines, est une source de pré- occupation, en particulier dans les zones côtières situées à proximité des grands cours d’eau et/ou des villes. Les effets de l’eutrophisation incluent la prolifération d’algues, dont certaines sont dangereuses, et l’hypoxie. Les effets socio-éco- nomiques directs sont liés à la toxicité voir à la mortalité des poissons et des fruits de mer récoltés, à la perte de valeur es- thétique des écosystèmes côtiers, et la réduction de la qualité de l’eau impactant le tourisme. • L’impact des déchets marins, principalement concentré dans les baies et les zones peu profondes, est de plus en plus consi- déré comme un sujet de préoccupation à travers toute la Méditerranée. • L’impact du bruit marin sur le biote, en particulier sur les mammifères marins et les poissons, nécessite davantage de recherches ciblées. Le trafic maritime intense, en particulier en Méditerranée occidentale, et l’intensité des activités mili- taires et d’exploration offshore à certains endroits, laissent à penser que ces activités ont de sérieux impacts. • Les espèces non indigènes invasives ont augmenté ces der- nières années, en particulier à l’extrémité orientale de la Méditerranée. Parmi les impacts documentés sur la diversité naturelle, il faut citer la prédation, l’altération de la chaîne alimentaire, la compétition pour les niches et la modification des habitats. Ces impacts entraînent toute une série de consé- quences sur la pêche, l’aquaculture, la navigation, la santé humaine et le tourisme. • La surexploitation au-delà des limites soutenables affecte de nombreux stocks de poissons méditerranéens exploités com- mercialement. Il en résulte des changements dans la diversité des espèces, certaines espèces étant considérées comme en

87 CADRE RÉGLEMENTAIRE, PRINCIPAUX RÉSULTATS ET LACUNES ET PROCHAINES ÉTAPES DE L’APPROCHE ÉCOSYSTÉMIQUE

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