The State of the Med.Marine&Coastal Env.- French

Pêche artisanale, aquaculture et mariculture

ducteurs mondiaux de dorade royale, plus de la moitié de la pro- duction aquacole méditerranéenne provient des pays d’Europe de l’Ouest (58%) (PNUE/PAM 2012). Afin de répondre à la demande en produits de mer, l’aquaculture méditerranéenne est passée d’opérations terrestres et côtières à un élevage en cage au large des côtes (mariculture) (CIESM 2007). Pour certaines espèces, comme le loup de mer et la do- rade, une majorité de fermes aquacoles limitent leurs activités terrestres aux couvoirs, la plus grande partie de la croissance ayant lieu dans des cages en mer. Si l’aquaculture offre de considérables bénéfices économiques, elle peut aussi avoir des impacts sur la biodiversité locale. Ses effets sont les suivants : une pollution organique et une eutrophisation dues aux déchets et à la nourriture non consommée (conduisant dans certains cas à des hypoxies et anoxies locales) ; une dégrada- tion des habitats benthiques situés sous les cages, y compris des herbiers de grande valeur ; le rejet de biocides et d’antibiotiques ; la diffusion de pathogènes benthiques ; et l’introduction d’espèces non indigènes (PNUE/PAM 2009 et CIESM 2007). Les installations d’engraissement de thon méritent une attention particulière de par leur impact sur les thons rouges et les autres es- pèces.Danscesopérations, desbancsdethons sont attrapésvivants par des sennes coulissantes puis engraissés dans des cages jusqu’à ce qu’ils atteignent une taille commercialisable. En 2004, près de 225 000 tonnes de thon étaient élevés suivant cette méthode en Méditerranée (PNUE/PAM 2009). De nombreuses prises n’étant pas déclarées, on ne dispose pas de chiffres exacts. On estime qu’en 2005, 44 000 tonnes de thon ont été capturées, un chiffre supérieur de 37% au quota légal et de 77% au quota recommandé par les experts (PNUE/PAM 2009). Cette pratique accroît les pressions à la fois sur les populations de thon sauvage et les poissons qui sont capturés pour nourrir les thons parqués (ex. anchois, maquereau, sardines). On estime ainsi qu’il faut 25kg de poissons pour produire un kg de thon (PNUE/PAM 2009). Ceci a aussi des conséquences pour les populations humaines dépendant de ces poissons pour leur nourriture, particulièrement en Afrique de l’Ouest.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agri- culture (FAO) définit la pêche artisanale comme suit : « pêche traditionnelle, pratiquée par des familles de pêcheurs (par op- position aux sociétés commerciales) utilisant des quantités rela- tivement faibles de capital et d’énergie, des bateaux de pêche relativement petits (le cas échéant), ce qui limite la durée des sorties de pêche, lesquelles ont lieu à proximité des côtes et visent principalement à alimenter la consommation locale (…) La pêche artisanale peut être une pêche de subsistance ou com- merciale, alimentant la consommation locale ou l’exportation » (FAO/FD 2010). La pêche artisanale continue à être pratiquée en Méditerranée, même si son importance socio-économique varie selon les pays et les communautés. Dans certaines régions, elle représente toujours une importante source de revenus et garan- tit la sécurité alimentaire. La pêche artisanale est considérée comme moins nuisible à la biodiversité que la pêche industrielle, car elle utilise des engins moins agressifs. Toutefois, en raison de la grande diversité d’en- gins et d’espèces ciblées, il est difficile de déterminer les effets de la pêche artisanale sur l’écosystème (PNUE/PAM 2012). En même temps, la pêche artisanale elle-même peut être touchée par d’autres facteurs de stress, comme la pollution et la perte d’habitat important. L’aquaculture est le secteur alimentaire qui connaît la plus forte croissance au niveau mondial. Environ un tiers de la consomma- tion globale de poisson provient aujourd’hui d’une ferme aqua- cole. Bien que le bassin méditerranéen ait une longue tradition piscicole, la pisciculture, en particulier la pisciculture marine, s’est considérablement répandue depuis les années 1990. La diminu- tion des stocks de poissons sauvages, combinée à l’augmenta- tion de la demande en poissons de la part des consommateurs, a stimulé la croissance de l’industrie. Cela concerne particulière- ment la dorade royale Sparus aurata , le bar commun Dicentrar- chus labrax , la moule Mytilus galloprovincialis et l’huître plate Crassostrea gigas . Bien que la Grèce soit un des principaux pro-

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ETAT DE L’ENVIRONNEMENT MARIN ET CÔTIER DE LA MÉDITERRANÉE

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