The State of the Med.Marine&Coastal Env.- French

Poissonset crustacésexploitésàdesfins commerciales

Exploitation des poissons et des crustacés

La pêche tend à cibler les espèces les plus grosses et de plus grande valeur, situées en haut du réseau trophique. A mesure que les prédateurs supérieurs diminuent du fait de la surexploi- tation, les espèces situées plus bas dans le réseau trophique commencent à dominer les prises. Ce phénomène est connu sous le nom de « descente vers les espèces de plus faible niveau trophique » (« fishing down the food web »). Il semble que ce processus ait commencé en Méditerranée au moins depuis le milieu du XXe siècle (Pauly et al. 1998). La surexploitation La surexploitation des stocks de poissons est signalée à travers toute la Méditerranée. Plus de 65 pour cent des stocks commer- ciaux sont pêchés au-delà de leurs seuils de durabilité (PNUE/ PAM 2012 et Abdul Malak et al. 2011). Si la pêche commerciale a le plus grand impact, la pêche récréative place aussi les stocks sous pression. Certaines espèces comme le thon rouge de l’Atlan- tique ( Thunnus thynnus ) et le mérou noir ( Epinephelus margina- tus ) ont été pêchées à une telle intensité qu’elles sont tous deux répertoriées sous la rubrique « en danger » de la liste rouge de l’UICN (Abdul Malak et al. 2011). Le sciaenidé ( Sciaena umbra ) et l’ombrine côtière ont été répertoriés comme « vulnérables », et la plie d’Europe ( Pleuronectes platessa ), le flet de la Baltique ( Platich- thys flesus ), le bar européen ( Dicentrarchus labrax ), le mérou blanc ( Epinephelus aeneus ), l’espadon ( Xiphias gladius ), le maquereau blanc ( Scomber colias ), et le turbot ( Psetta maxima ) sont réperto- riés comme « quasi menacés » (Abdul Malak et al. 2011). Parmi les 86 espèces de requins, raies et chimères de Méditerranée, quinze sont en danger critique d’extinction, neuf sont en danger, et huit sont vulnérables (Abdul Malak et al. 2011). Dix autres espèces sont considérées comme quasi menacées (Abdul Malak et al. 2011). La reconstitution de nombreux stocks est difficile en raison d’autres facteurs comme la pollution et le réchauffement de l’eau. Les prises accessoires Les prises accessoires – la capture inintentionnelle d’animaux qu’on ne cherchait pas à pêcher – sont un grave problème dans de nombreuses régions de la Méditerranée. Les espèces que les Les principales espèces de poissons exploitées dans les zones littorales sont la sardine ( Sardina pilchardus ) et l’anchois ( En- graulis encrasicholus ) parmi les petits pélagiques, le merlu ( Merluccius merluccius ), le mulet ( Mullus spp.), le merlan ( Mi- cromesistius poutasou ), la baudroie ( Lophius piscatorius ), la dorade ( Pagellus spp.), la pieuvre commune ( Octopus spp.), le calmar ( Loligo spp.), et la crevette rouge ( Aristeus antennatus ) parmi les espèces demersales, et les gros pélagiques tels que le thon rouge et ( Thunnus thynnus ) et l’espadon ( Xiphias gla- dius ). Ces poissons représentent 70 à 80% des prises totales en Méditerranée. Des invertébrés font aussi l’objet d’une exploitation, comme le corail rouge ( Corallium rubrum ), de nombreuses espèces d’éponges ( Spongia spp., Hypospongia spp.) et certains bivalves ( Lithophaga lithophaga , Acanthocar- dia spp., Callista chione , etc.) (PNUE/PAM 2012). Enjeux clefs de la pêche en Méditerranée

La pêche est la plus grande consommatrice de ressources ma- rines en Méditerranée. La pêche commerciale tend à se concen- trer dans les zones littorales, bien qu’il y ait aussi des pêches à la crevette rose ( Penaeus duorarum ), à la crevette rose du large ( Parapenaeus longirostris ) et au merlu ( Merluccius merluccius ) sur le talus continental (PNUE/PAM 2009). Les prises de poisson ont augmenté de façon exponentielle entre 1950 et 1980, avec une production atteignant les 800’000 tonnes par an (Garcia 2011) au cours des trois dernières décennies. Six pays représentent 85% de ce total : l’Italie, la Turquie, la Grèce, l’Espagne, la Tunisie et l’Algérie (PNUE/PAM 2012). La pêche est principalement côtière en Méditerranée. L’abon- dance et la répartition des espèces exploitées dans les eaux du littoral varient en fonction de la profondeur, le plateau continen- tal étant la zone la plus productive. Le plateau s’étend du litto- ral jusqu’à une profondeur d’environ 250 m. Dans cette zone, la pêche est très diverse même si la pêche artisanale effectuée par de petits bateaux – moins de 15 m de long – domine (PNUE/ PAM 2009). La flotte de pêche méditerranéenne était estimée à 85 000 bateaux en 2008, mais le nombre réel est probablement bien supérieur (Sacchi 2011). De nombreuses espèces de poissons méditerranéens sont surexploitées du fait des pêches commerciales et récréatives (PNUE/PAM 2012). Dans l’ensemble de la Méditerranée, les stocks de base sont dominés par des poissons jeunes, ce qui pourrait être l’indication d’une forte pression de la pêche (AEE et PNUE 2006). La surpêche de jeunes poissons peut conduire à des modifications de la structure de la population, affectant en définitive la durabilité et la reconstitution des stocks (PNUE/ PAM 2012). Certaines espèces connaissent des cycles de vie qui les rendent plus vulnérables à la surexploitation, tels qu’une croissance lente ou une maturité plus tardive. Capacité de reconstitution des stocks

Débarquements de poissons en Méditerranée

1 000 En milliers de tonnes

Total

800

600

Poissons pélagiques

400

Poissons de fond

200

Autres

0

1952

1960

1970

1980

1990

2000 2006

60

ETAT DE L’ENVIRONNEMENT MARIN ET CÔTIER DE LA MÉDITERRANÉE

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