The State of the Med.Marine&Coastal Env.- French

Eutrophisation

Nutriments d’origine humaine

source de phosphore, en particulier dans les pays producteurs de phosphore tels que laTunisie, l’Algérie, le Liban et la Grèce. L’aqua- culture est aussi signalée comme une source importante de nutri- ments et de solides en suspension. Bien que les rejets totaux ne soient pas comparables aux autres secteurs, ils peuvent avoir des impacts localisés sur l’environnement marin. C’est en Espagne, en Grèce, enTurquie, en Italie et en Croatie que l’aquaculture connaît sa plus forte croissance (PNUE/PAM/MED POL 2012). L’agriculture est la source diffuse de polluants la plus importante de Méditerranée (PNUE/PAM 2011). Les nutriments utilisés dans l’agriculture pénètrent dans la mer à travers les nappes phréa- tiques, les lacs, les zones humides, et les fleuves. La consomma- tion d’azote par unité de terre cultivable est la plus élevée dans les pays du bassin versant nord, la Bosnie-Herzégovine faisant exception. En revanche, les rejets ponctuels sont les plus élevés sur la côte est de l’Adriatique. Le bassin versant de l’Èbre, la côte est du bassin oriental et la côte occidentale de la Tunisie consti- tuent aussi des sources ponctuelles d’azote. Les zones les plus eutrophes de la Méditerranée sont dues au mélange des nutriments des eaux profondes via d’intenses circu- lations à moyenne échelle (mer d’Alboran), aux mélanges locali- sés de marées (golfe de Gabès) ou à l’apport et à la redistribution des nutriments venant des grands fleuves, le long du littoral. De plus, des niveaux élevés de chlorophylle et de productivité ont été trouvés à proximité des grands centres urbains. La communauté phytoplanctonique méditerranéenne n’est pas très bien décrite, mais on pense qu’elle est en pleine mutation, comme le reste de l’écosystème marin. Les modifications dans Sources des émissions d’éléments nutritifs dans la région méditerranéenne, 2008 Effets directs des excès de nutriments

Les nutriments présents dans l’eau de mer ont un effet para- doxal. D’un côté, ils sont bien sûr essentiels à la vie. Dans le mi- lieu oligotrophe de la Méditerranée, les écosystèmes contenant le plus de nutriments sont en général les plus variés et les plus productifs. En même temps, de nombreuses zones littorales mé- diterranéennes sont menacées par un excès de nutriments dû au développement du littoral et des bassins versants. Les eaux usées municipales sont les principales responsables, suivies des écoulements d’engrais provenant des régions agricoles, des pe- louses et des terrains de golf. Le problème est particulièrement aigu dans les sous-bassins peu profonds qui connaissent une cir- culation limitée, caractéristique commune à certaines régions de l’Adriatique et de la rive sud de la Méditerranée. De nombreuses régions côtières souffrent tout particulièrement de l’augmentation de l’afflux en azote dissous et en phosphore. Les sources en sont les eaux usées, les déchets animaux, le trans- port, les engrais et les décharges industrielles. Le traitement des eaux urbaines (45%), l’élevage (24%) et l’industrie de la chimie organique (2%) sont les plus importants émetteurs d’azote. Les émissions d’ammoniac provenant du fumier utilisé pour amen- der les sols contribuent aussi à l’apport en azote. Les principales sources de phosphore sont les usines de fabrication d’engrais (40%), l’élevage (39%) et le traitement des eaux urbaines (13%) (PNUE/PAM/MED POL 2012). Bien que les apports totaux en azote (environ 1,5 à 4,5 millions de tonnes par an) et en phosphore (environ 0,1 à 0,4 million de tonnes par an) soient faibles com- parés à d’autres mers (par exemple la mer Noire), ces nutriments continuent à poser problème dans les zones littorales (PNUE/ PAM/MED POL 2005). Selon les données 2008 du Bilan Bases Nationales, l’azote est principalement émis par les usines de trai- tements des eaux usées, les fermes d’élevage, l’industrie de la chimie organique dans les pays de la rive nord de la Méditerranée et par le secteur du tannage sur les rives sud et orientale de la Méditerranée. L’industrie de production d’engrais est la principale Eutrophisation et impacts des activités humaines Dans les écosystèmes aquatiques naturels, des fortes concentrations en nutriments peuvent mener à une crois- sance rapide du phytoplancton, processus plus communé- ment appelé eutrophisation (PNUE/PAM 2009). Les efflores- cences algales sont un phénomène naturel souvent associé à l’eutrophisation. En outre, il se produit un changement dans la composition des espèces de phytoplancton, les grandes espèces étant favorisées par rapport aux petites. Les plantes ayant une longue espérance de vie et une crois- sance lente ne peuvent rivaliser face aux algues à croissance rapide. Sachant que les plus grandes plantes fournissent protection et nourriture aux poissons et servent de substrat aux organismes invertébrés, la biodiversité en souffre. Bien que l’eutrophisation soit un processus naturel de vieillisse- ment d’un plan d’eau, l’ajout de nutriments par l’activité humaine peut fortement accélérer le processus et entraîner des conséquences négatives pour l’écosystème entier.

Autre

Pourcentage

Autre

Métallurgie Aquaculture

100

Non disponible Aquaculture

Produits chimiques organiques Tanneries industrielles

Usines de traitement des eaux usées

80

Non disponible

60

Elevage

Elevage

40

Usines de traitement des eaux usées

Engrais

20

0

Azote

Phosphore

Source: MEDPOL; Releases, emissions and sources of pollutants in the Mediterranean region. An assessment of 2003-2008 trends; 2012.

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PRESSION HUMAINE, ÉTAT ET IMPACTS SUR LES ÉCOSYSTÈMES MÉDITERRANÉENS

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