The State of the Med.Marine&Coastal Env.- French

Polluants organiques persistants (POP) Les Polluants organiques persistants (POP) sont des composés organiques résistant à la dégradation dans l’environnement par des procédés chimiques, biologiques ou photolytique. Les POP subsistent dans l’environnement, sont capables de traverser de longues distances, s’accumulent dans les tissus humains et ani- maux, s’amplifient à travers la chaîne alimentaire, et peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé humaine et l’environnement. Les POP comprennent certains pesticides chlo- rés et certains produits chimiques industriels comme le poly- chlorobiphényle (PCB). La plupart des POP sont déjà interdits dans les pays méditerranéens. Cependant, les POP peuvent être disséminés accidentellement, en particulier du fait de procédés de combustion ou comme sous-produits de certains procédés industriels. Les dioxines et les furannes, l’hexachlorure de ben- zène (HCB), les PCB, ou les hydrocarbures polycycliques aroma- tiques (HPA) constituent quelques exemples de POP. L’inventaire BBN MED POL (PNUE/PAM/MED POL 2012) affirme qu’en Méditerranée, des niveaux de POP historiquement élevés ont été mesurés dans l’environnement marin, en particulier chez les cétacés et les prédateurs supérieurs. On a toutefois observé, ces dernières années, une baisse générale, bien que les concen- trations restent relativement élevées ici et là. L’inventaire ne comporte que très peu de traces d’organochlo- rés, produit déjà interdit, ce qui confirme qu’ils ne sont plus reje- tés par les pollutions industrielles ponctuelles. Alors que les HCB et PCB sont principalement rejetés en tant que sous-produits indésirables de l’industrie métallurgique et du ciment, les pes- ticides chlorés sont émis par l’industrie de la chimie organique, ou par les usines de traitement des eaux usées, qui peuvent recueillir les pesticides contenus dans les eaux usées et les eaux de ruissellement. Des données publiées entre 1971 et 2005 ont été reprises par une évaluation régionale de la pollution des sédiments par cer- tains POP, à savoir les polychlorobiphényles (PCB), et les pesti- cides chlorés tels que le dichlorodiphényltrichloréthane et ses produits de dégradation (DDT) et l’hexachlorure de benzène (HCB) (Gomez-Gutierrez et al. 2007). Bien que les séries de don- nées présentent encore des lacunes, les auteurs ont pu conclure que la contamination des sédiments par les POP est davantage un problème local, principalement lié aux rejets urbains/indus- triels et fluviaux ainsi qu’aux enceintes côtières (ports et lagunes littorales), qu’un problème généralisé. Les auteurs concluent aussi que la côte nord de la Méditerranée est la zone la plus pro- blématique en ce qui concerne la pollution des sédiments par les POP et que les POP ont diminué (le déclin étant plus marqué pour les DDT que pour les PCB). Ces résultats pourraient indiquer un apport continuel de PCB, soulignant la nécessité d’une meil- leure gestion des sources potentielles. La récente étude du MED POL (PNUE/ PAM/ MED POL 2011) inclut les PCB et pesticides chlorés (DDT, HCB, aldrine, endrine, dieldrine et lindane). Elle donne un aperçu à jour de la répartition géographique et des évolutions des POP dans le biote en synthé- tisant en particulier les données relatives aux moules communes et aux rougets barbets. Des PCB ont été trouvés à proximité des sites industriels et urbains, ainsi qu’aux alentours des embouchures des principaux fleuves. En ce qui concerne les niveaux de PCB dans le biote, les régions

Pesticides chlorés et rejets de HCB/PCB secteur par secteur, 2008

Nombre de cas enregistrés

0

5

10

15

20

Métallurgie Cimenteries

Autres Usines de traitement des eaux usées Chimie industrielle Pâte et papier Production de biocides Ra neries

HCB/PCB Pesticides chlorés

Source: MEDPOL; Releases, emissions and sources of pollutants in the Mediterranean region. An assessment of 2003-2008 trends; 2012.

qui posent problème comprennent les zones côtières du nord- ouest méditerranéen. Elles comportent généralement des taux élevés de PCB. C’est particulièrement le cas autour des villes de Barcelone, Marseille (avec la teneur la plus élevée de 1500 Ng/g de poids sec) et Gênes. Des niveaux particulièrement élevés de PCB ont aussi été trouvés dans le biote de la bande côtière allant de Livourne à Nice et dans les embouchures du Rhône et de l’Èbre (ce qui démontre que les fleuves et les rejets d’eaux usées sont des sources majeures de PCB). En mer Adriatique, les biotes situés le long de la rive orientale (Croatie et Albanie) contenaient un taux élevé de PCB. Les niveaux étaient généralement moins élevés dans le bassin oriental, mais des niveaux moyens à élevés ont été enregistrés chez les rougets barbets de Chypre et de Turquie. De fortes teneurs en PCB, également liées aux effluents industriels et urbains, ont été enregistrées au large du Pirée, le port d’Athènes. Il est difficile d’évaluer les tendances régionales de teneurs en PCB en raison des différentes méthodes d’analyse et de suivi em- ployées. Sur les sites côtiers du nord-ouest méditerranéen (France et Italie), là où une analyse tendancielle est possible, les concentra- tions en PCB dans le biote sont restées à peu près constantes ou, dans certains cas, ont légèrement augmenté. Des tendances simi- laires ont été enregistrées dans des stations de l’Est méditerranéen (Athènes en Grèce, et Izmir et Mersin en Turquie). Malgré le suivi des pesticides chlorés par le MED POL depuis les années 1990 et le renforcement des contrôles systématiques au cours de la dernière décennie, la couverture en données spa- tiales n’est pas suffisante pour en tirer des conclusions sur la répartition régionale de ces composés. Les données disponibles indiquent que les contaminants ne sont pas répartis uniformé- ment à travers la Méditerranée. Quelques points chauds ont été identifiés concernant des pesticides spécifiques. Dans l’ouest de la Méditerranée, les zones posant particulière- ment problème sont les estuaires (Rhône et Èbre), les ports, les baies et les golfes (Barcelone, Marseille-Fos, Ligurie, Lagune de Nador, et les baies d’Alger, de Tunis, de Naples, entre autres). Ces régions ont des niveaux modérés d’aldrine, de HCB et de DDT. Il est prouvé que les fleuves sont la source la plus importante de pesticides entrant en Méditerranée occidentale.

49

PRESSION HUMAINE, ÉTAT ET IMPACTS SUR LES ÉCOSYSTÈMES MÉDITERRANÉENS

Made with FlippingBook Online newsletter