The State of the Med.Marine&Coastal Env.- French

Malgré les travaux du programme MED POL, les données rela- tives à la pollution en Méditerranée disponibles actuellement ne sont pas encore suffisantes pour permettre une analyse solide des tendances, car les séries chronologiques sont trop courtes et les conditions de prélèvement d’échantillon varient (PNUE/MAP/MED POL 2011). Les études préliminaires in- diquent des évolutions contrastées. Par exemple, alors que les données de Haïfa (Israël) et du golfe du Lion (France) indiquent une baisse de la teneur en métaux lourds dans les sédiments, aucun changement en termes de concentration de mercure n’a été observé dans le golfe de Trieste, et ce malgré la fermeture des mines d’Idrija (Slovénie). L’évolution de la concentration en métaux lourds du biote a été examinée sur les sites disposant de données pour des périodes d’au moins cinq ans à compter de la fin des années 1990. Ces analyses montrent que si les tendances individuelles des sites ne semblent pas être significatives, la tendance générale est à la stabilisation voire à la baisse. Dans l’Ouest méditerranéen (Mar- seille, Fos et Pombino, par exemple) et en Adriatique (les baies de Rijeka et Kastela en Croatie et Durrës et la baie de Vlorë en Albanie, par exemple), quelques stations où on a constaté des taux élevés de métaux dans le biote présentent des tendances légèrement à la hausse. En revanche, Naples, Gênes et le lagon de Bizerte (Tunisie) présentent des tendances à la baisse. De plus, dans plusieurs cas, comme en Italie, les valeurs mathématique- ment aberrantes se font rares, ce qui peut signifier une amélio- ration générale de la situation dans les zones connaissant des niveaux particulièrement élevés de pollution par les métaux. L’exposition des organismes marins et côtiers à des concentrations élevées de métaux lourds exacerbe le stress écologique auquel ils sont régulièrement sujets, dû à des facteurs de stress naturels, comme les fluctuations de température et de salinité. La présence de substances toxiques dans l’environnement marin, même à petites doses, conduira à des réactions biochimiques pouvant causer un stress pour les organismes marins. S’il se prolonge, il peut conduire à un affaiblissement du système immunitaire, aug- mentant ainsi les risques d’infection. Bien que de nouvelles tech- niques de mesure des réponses des organismes à tous les facteurs possibles de stress aient été développées, aucune ne peut donner une estimation correcte des niveaux de toxicité aiguë des conta- minants en-deçà des concentrations mortelles. Il faudra mener des essais biologiques in situ , délicats à mettre en place et néces- sitant d’utiliser des organismes indigènes pour mesurer la toxicité de l’eau et des sédiments (PNUE/MAP/MED POL 2005). Le mercure est un élément hautement toxique que l’on trouve à des taux de concentration élevés dans le biote marin de la mer Méditerranée. Des études conduites dans les années 1970 et, plus récemment, sur des poissons pélagiques ont révélé que les concentrations de Hg dans les poissons de la Méditerranée sont deux fois plus élevées que chez les mêmes espèces vivant dans l’océan atlantique. La présence de gisements de cinabre et de volcans dans la région méditerranéenne, ainsi que les émissions anthropiques provenant des diverses sources terrestres sont des sources potentielles de Hg, qui sont ensuite transportées dans l’environnement marin au travers des fleuves et de points ter- restres ponctuels, ainsi qu’au travers des précipitations atmos- phériques (Cossa et Coquery, 2005). Les effets du cadmium sur les prédateurs supérieurs et du plomb sur les prédateurs de crus- tacés entraînent aussi des risques pour les écosystèmes méditer- ranéens (PNUE/MAP/MED POL 2005).

Principaux secteurs industriels émettant des métaux dans la région méditerranéenne

Hg (liquide) Cu (liquide) As (liquide) Cd (liquide) Ni (liquide) Pb (liquide) Zn (liquide) Cr (liquide)

Hg (gaz) Cu (gaz) As (gaz) Cd (gaz) Ni (gaz) Pb (gaz) Zn (gaz) Cr (gaz)

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Cimenteries Métallurgie

Secteur énergétique Chimie industrielle

Engrais

Raffineries

Usines de traitement des eaux usées

Source: MEDPOL; Releases, emissions and sources of pollutants in the Mediterranean region. An assessment of 2003-2008 trends; 2012.

Les teneurs en mercure sont élevées dans les sédiments des envi- rons de Messine et Palerme en Sicile et Reggio en Calabre, ce qui dénote une possible influence naturelle issue des sources volca- niques et géothermales situées au sud de la mer Tyrrhénienne. Des anomalies dans la teneur en mercure des sédiments de cer- taines îles de cette région peuvent aussi s’expliquer par leur proxi- mité avec des sources volcaniques et géothermales de mercure. Des niveaux élevés de mercure ont aussi été enregistrés dans les sédiments de la région du delta du Pô, du golfe de Trieste, de la côte turque de la mer Égée et d’Israël (par exemple dans la baie de Haïfa). De fortes teneurs en mercure ont été mesurées dans le biote le long de la côte nord-ouest italienne (golfe de Gênes, Por- toscuso, Palerme), les eaux côtières de la mer Tyrrhénienne (par- ticulièrement entre Fiumicino et Naples et autour de Messine), Skikda (Algérie), Carthagène (Espagne), et dans la baie de Kastela (à proximité de Split) sur la côte occidentale de l’Adriatique. Des concentrations significatives de cadmium ont été mesurées dans les sédiments le long des côtes françaises (Marseille-Fos), espa- gnoles (Carthagène), marocaines (Tangers-Martil et Nador), dans la partie nord-est du basin oriental entre Chypre et la Turquie (y compris la baie d’Iskenderum), et sur la côte nord de la Syrie. Des niveaux relativement élevés de cadmiumont été enregistrés dans le biote de certains sites le long des côtes sud et sud-est espa- gnoles (Cabo de Gata, Almeria et Carthagène) qui est une zone d’intense activité minière, ainsi que dans quelques sites le long de la côte occidentale italienne (Naples), des côtes sud de la mer Tyrrhénienne (Messine et Palerme), à l’ouest de la Sardaigne et en France (Sète et Nice). En mer Adriatique, des niveaux élevés de cadmium se trouvent dans le biote du delta du Pô et dans les baies de Kastela et Rijeka (Croatie) du fait des rejets d’eaux usées urbaines et industrielles non traitées. Des échantillons épars d’organismes dans les bassins centraux et orientaux per- mettent d’identifier quelques sites dans lesquels le biote contient de fortes concentrations de cadmium. Le biote de la côte ouest turque (baie d’Izmir), au Pirée (à proximité d’Athènes) en mer Égée et dans la baie de Vlorë (Albanie) en Adriatique contient également une forte concentration en cadmium.

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ETAT DE L’ENVIRONNEMENT MARIN ET CÔTIER DE LA MÉDITERRANÉE