Singes volés

AVANT-PROPOS

Selon les dernières enquêtes, les principaux trafiquants de singes ont exporté plusieurs centaines d’individus chacun. Ce nombre ne représente qu’une fraction du nombre total de singes capturés pour alimenter le commerce d’animaux vivants.

Jusqu’à présent, les initiatives œuvrant à la protection des grands singes se sont révélées infructueuses. Année après année, les conférences et séminaires renouvellent leur engage- ment pour sauver ces espèces, faisant ainsi prospérer la bonne conscience et l’optimisme des participants et du public. Pourtant, année après année, on constate avec surprise que les efforts de conservation peinent à freiner l’extinction de ces espèces.

Selon les dernières enquêtes, les principaux trafiquants de singes ont exporté plusieurs centaines d’individus chacun. Ce chiffre ne représente qu’une fraction du nombre total de singes capturés pour approvisionner le commerce d’animaux vivants ; les taux de mortali- té des singes victimes de ce trafic sont en effet souvent élevés. Même si les autorités locales et les institutions internationales connaissent ce phénomène, ces criminels exercent leurs activités en toute liberté, s’appuyant sur un système rongé par la corruption et un réseau de complices qui leur offrent une impunité relative. Il existe un fossé important entre nos déclarations et nos actes. Il est nécessaire d’opérer une transformation radicale du paradigme pour que subsiste un espoir de préservation des grands singes. Arrêtons de discuter et concentrons à nouveau nos efforts sur ce qui importe : l’application de la loi. L’année 2013 doit marquer le début des arres- tations des principaux trafiquants de grands singes.

Est-ce réellement surprenant ? Trop souvent, les initiatives de pro- tection des grands singes ont été conçues sans aucun indicateur ou norme mesurable qui permettraient d’identifier des résultats tan- gibles. Les systèmes qui n’intègrent pas de mécanismes permettant leur évaluation et le suivi de leurs avancées sont voués à l’échec. Pendant ce temps, les réseaux criminels organisés adoptent des mé- thodes leur permettant d’obtenir de meilleurs résultats et exercent des activités de commerce, visant les grands singes, qui ne cessent de se développer. Ce commerce international, qu’il s’agisse de la vente de viande de brousse ou d’animaux de compagnie, est très so- phistiqué et rattaché à d’autres formes d’activités criminelles, telles que le trafic d’armes et de stupéfiants. Le trafic des primates n’a que peu de rapport avec les populations pauvres et reste davantage le fait des riches et des puissants.

Ofir Drori Fondateur, Last Great Ape Organization

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