LE DERNIER CARRÉ DES GORILLESC

INTERVIEW

«Notre action est ciblée sur les changements climatiques »

José Endundo Bononge Ministre de l’environnement, de la conservation de la nature et du tourisme, RDC

La République démocratique du Congo est un pays très soucieux des problèmes environnementaux et des problèmes de conservation. Dieu nous a comblés de ses bienfaits en matière de biodiversité ; nous sommes le premier pays africain en termes de diversité bi- ologique, nous sommes l’un des cinq principaux pays du monde en terme de biodiversité. Nous avons des gorilles de plaine et de mon- tagne – dans l’est et dans l’ouest du pays – ce qui est extraordinaire pour un si grand pays. La RDC est fière d’abriter trois des quatre espèces de grands singes et ensemble nous voulons être capables de préserver cette richesse, de préserver cette bénédiction qui rend notre pays si divers, si riche en écosystèmes de toutes sortes ; des montagnes, des plaines, des sources. Le Congo possède la moitié des ressources en eau d’Afrique. C’est le deuxième poumon du monde et tout ce qui permet de valoriser cette richesse nous intéresse au plus haut point. Il y a cinq semaines, j’ai pris cinq ambassadeurs européens avec moi pour visiter les gorilles dans le Kahusi-Biega. C’était merveil- leux de voir ces espèces rares, ces animaux si proches de nous. Ils ont une force et une présence colossales mais en même temps ils montrent ce besoin de partager cette richesse, cette forêt avec nous. C’était fascinant. Chaque fois que je vois des gorilles, je vois la puissance concentrée en eux mais aussi leur fragilité en relation avec l’environnement. Dans l’est du pays, nous avons quelques problèmes parce que la pacification est encore en cours. Nous avons encore des poches d’insécurité et nous sommes donc confrontés au problème de sau-

vegarder à la fois la paix et les gorilles, de préserver notre richesse naturelle qui est notre patrimoine le plus apprécié. Cette lourde responsabilité m’incombe, mais aussi aux plus hauts niveaux de l’Etat – le chef de l’Etat est très préoccupé par ce problème, de même que toute mon équipe – l’ICCN, toute l’administration qui a besoin que ce patrimoine, qui aujourd’hui n’est pas seule- ment un patrimoine congolais mais un patrimoine mondial soit préservé, protégé, enrichi. C’est notre défi ; c’est le défi de la RDC et de ceux qui sont responsables d’elle aujourd’hui et qui le se- ront dans le futur. Comment nous assurons-nous que le progrès de l’humanité aille main dans la main avec la conservation de la nature, avec la préservation de ce qui est si intimement lié aux processus vitaux ? C’est le défi auquel nous faisons face. Je peux vous dire que notre action aujourd’hui est centrée sur le très important problème des changements climatiques. Les forêts sont liées aux changements climatiques et sans les gorilles et les autres espèces, il n’y a plus de forêts. Ces espèces ne peuvent pas survivre sans forêts, ainsi tout est lié et noue des liens avec le fu- tur des humains aussi. Il n’y a aucun avenir pour les humains sans forêts, sans eau, sans ces grands singes, sans toutes les choses qui font la grandeur et le caractère unique de notre vie. La vie humaine est aussi liée à la vie des grands singes et à la vie des autres espèces qui vivent dans ce pays. C’est pourquoi la question des changements climatiques, des forêts, de l’eau – sans eau il n’y a pas de forêts, surtout pas de forêts tropicales comme les nôtres – tout cela forme un tout et nous avons aujourd’hui l’obligation historique de les défendre pour toute l’humanité.

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