LE DERNIER CARRÉ DES GORILLESC

INTERVIEW

« Ce que nous voulons, c’est agir. »

Ofir Drori Fondateur/directeur de la Last Great Ape Organization, Cameroun

Nous nous concentrons sur les poursuites pénales, sur l’application des lois. Fondamentalement, pour nous, les lar- gesses dans l’application des lois – souvent à cause de la cor- ruption qui règne dans les gouvernements – est le principal pro- blème qui cause l’extinction des gorilles et des autres espèces. Donc pour nous, ce que nous voudrions voir, c’est un grand élan pour l’application des lois. Il s’agit des problèmes les plus durs, il ne s’agit pas de moyens doux comme l’éducation, et beaucoup d’autres solutions sur le long terme. Ce que nous voulons, c’est agir. Les trafiquants, ceux qui font du commerce avec les gorilles, les hauts placés, les hauts fonctionnaires mènent les gorilles à l’extinction par la corruption – et ce n’est pas un problème facile à résoudre. C’est un problème qui nécessite de compter sur beau- coup de pouvoir politique, sur une volonté politique, mais c’est comme ça que nous voyons les choses. Ce que nous vivons, c’est une crise. La situation des gorilles ne s’est pas améliorée. Nous avons essayé beaucoup de méthodes différentes au cours des ans. Je pense que sensibiliser les commu- nautés, l’éducation, organiser beaucoup de conférences avec le gouvernement, la formation, tout cela ne nous a pas menés bien loin. Nous avons beaucoup d’exemples frappants de cet écart énorme entre ce qui se dit au palais des congrès et la réalité du terrain. Je pense qu’il faut nous réveiller si nous voulons sauver les grands singes.

La situation se détériore, c’est vrai, du moins au Cameroun. Nous avons perdu notre rhino, nous allons probablement per- dre nos lions dans un an ou deux et les grands singes sont les suivants sur la liste. C’est la situation du Cameroun et je pense que dans d’autres pays c’est probablement même pire pour les grands singes. Si nous voulons sauver les grands singes, il faut faire quelque chose de complètement différent. Je dirais, lais- sons tomber les conférences, les discours, tous les énormes et longs processus politiques, et concentrons-nous sur le travail – l’action. Concentrons-nous sur ce qui est proche et voyons ce qui arrivera le mois prochain. Ces trafiquants de haut vol sont-ils dans les parages ? Je ne parle pas des petits braconniers dans les villages, parce que notre prob- lème n’est pas dans les villages, notre problème est lié aux fonctionnaires du gouvernement, aux hauts gradés, notre problème est lié aux très grands, aux très riches hommes d’affaires qui font du commerce avec les singes. Nous vou- lons voir ces gens derrière les barreaux et c’est ainsi que nous pourrons montrer que les choses doivent changer. Les palais des congrès ne nous mènent pas très loin.

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