LE DERNIER CARRÉ DES GORILLESC

EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES, POURSUITE DE LA GUERRE, DESTRUCTION DE L’HABITAT DES GRANDS SINGES ET BRACONNAGE

Les FDLR tirent leurs principaux revenus du contrôle de la plu- part des mines artisanales du Sud-Kivu (cassitérite, or et coltan) (CSNU, 2008) et de certaines mines du Nord-Kivu. Le CNDP est cofinancé par des Congolais et des Rwandais. Un cer- tain nombre de sociétés d’exportation de minerais agissent entre autres comme vitrines du CNDP (CSNU, 2008). De plus, la plu- part des milices prélèvent aussi des péages routiers, des taxes sur le charbon, et distribuent des pots-de-vin ou règnent par la menace sur les points de contrôle à la frontière ou les fonctionnaires lo- caux. Le CNDP, par exemple, avait en 2008 la haute main sur le poste douanier de Bunagana entre la RDC et l’Ouganda. Le CNDP gagne au moins 430 000 dollars par an rien qu’en taxes sur le charbon de bois produit au sein ou à proximité des Varunga, pour ne rien dire du produit total des ventes (CSNU, 2008). On estime que le FLDR gagne environ deux millions de dollars sur les taxes sur le charbon de bois prélevées sur environ la moitié de la production totale, ce qui laisse à penser que le revenu total annuel des taxes sur le charbon se monte au moins à quatre millions de dollars par an – toujours sans mentionner le produit total des ven- tes (CSNU, 2008). On estime que les FDLR gagnent environ 28 millions de dollars en vendant du charbon de bois chaque année, en collaboration avec les FADRC, y compris dans les Virunga. Il est aussi clair que le FLDR a collaboré avec les FADRC, bien qu’étant en guerre contre elles, y compris lors d’opérations visant le CNDP (CSNU, 2008). Des officiers de la 83ème et de la 9ème brigade des FADRC ont été mis à contribution en 2008 pour protéger des ca- mions des FDLR transportant du charbon sur la route de Rutshuru (CSNU, 2008). C’est aussi pour l’élevage et la mise en pâturage que les milices cherchent à gagner du terrain l’une sur l’autre, et les taxes levées sur les terrains agricoles sont très importantes, ce qui fait peser une lourde menace sur la faune par suite de la déforestation et du surpâturage. Cette évolution fait aussi fuir nombre d’ongulés,

ce qui alourdit encore la charge du braconnage sur les primates, gorilles compris. De nombreux bailleurs de fonds paient des taxes ou sont mis à contribution dans la mise en valeur des ressources. Ils passent souvent d’une milice à l’autre, y compris lorsqu’elles sont an- tagonistes, selon qui est au pouvoir. Les gouvernements sont aussi impliqués dans le soutien à plusieurs de ces groupes de re- belles, généralement en organisant leur entraînement ou en fa- cilitant l’obtention de concessions dans l’extraction industrielle, en « fermant les yeux » oumême en fournissant le matériel (CSNU, 2008). Ceci comprend l’appui de haut fonctionnaires rwandais au CNDP (CSNU, 2008). Des fonctionnaires rwandais, ougandais et congolais ont été im- pliqués lorsque des points de contrôle des véhicules montés par l’ICCN ont été bloqués ou démantelés, bien que ces mesures aient fait substantiellement chuter le trafic de charbon de bois produit illégalement, et les revenus correspondant des FDLR d’au moins 40% (CSNU, 2008). Là aussi, les gardes forestiers et les gardes du parc auraient pu jouer et ont joué un rôle important pour réduire et arrêter l’exploitation illégale de ressources qui non seulement détruit la faune, mais aussi finance les atrocités commises en temps de guerre par les milices. Malgré cela, l’appui que les gardes reçoivent est minime et ils subissent de lourdes pertes. D’autres groupes, comme la Coalition de la résistance patriotique congolaise (PARECO) qui a vu le jour en 2007 qui a combattu le CNDP, et ont apparemment des liens avec les FADRC (CSNU, 2008). On trouve aussi le Front populaire pour la justice au Congo (FPJC) issu du FPRI et l’ARS (Armée de résistance du Seigneur) ougandaise. Ces « nouvelles » milices, comme les sociétés privé- es, évoluent apparemment lorsqu’une occasion d’exploiter les ressources apparaît ou lorsque d’autres groupements sont élimi- nés. Là aussi, lorsqu’un nouveau groupe évolue, il s’intéresse et finit par reprendre simplement la plus grande partie des modes

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