LA CRISE DE LA CRIMINALITÉ ENVIRONNEMENTALE

Réponses Le commerce illégal des produits forestiers et des espèces sauvages ainsi que l’exploitation illégale des ressources naturelles sont désormais largement reconnus comme une menace importante, aussi bien pour l’environnement, le bien-être des personnes et la sécurité alimentaire que pour le développement durable, comme le montre le nombre de décisions de la CITES, la Commission des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, INTERPOL et le Conseil de sécurité des Nations Unies, notamment sur la Somalie et la République démocratique du Congo.

Les mesures d’application de la loi visant à réduire la criminalité transnationale organisée liée à l’environnement ont été modestes jusqu’à présent. Les capacités d’enquête sont insuffisantes ou inadaptées et le financement alloué à la protection des ressources est quant à lui limité. Les poursuites et les condamnations pour les atteintes à l’environnement concernent généralement des délits ou infractions mineurs et, trop souvent, ciblent des délinquants démunis ne faisant pas partie des hautes sphères du réseau. Pourtant, le commerce illégal des produits ligneux et des produits provenant d’espèces sauvages constitue également souvent une infraction au droit fiscal, aux lois contre le blanchiment d’argent et peut mettre à contribution la criminalité organisée et donner lieu à la violence, au trafic et même au financement de groupes armés non étatiques. L’application de ces lois par les autorités chargées de l’enquête et de l’instruction pourrait dans certains cas s’avérer bien plus efficace, sérieuse et appropriée. Sensibilisation des consommateurs Les programmes de réduction de la demande des consomma- teurs afin de lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages sont particulièrement importants et efficaces. Malgré les succès obtenus à cet égard, ce type d’intervention exige de modifier les comportements, grâce à une meilleure sensibilisation des consommateurs, notamment quant à la présence de produits ligneux et de produits issus des espèces sauvages illégaux dans les chaînes d’approvisionnement légales aux fins de blanchiment. En effet, pour être efficaces, les mesures de lutte doivent couvrir plusieurs fronts, de la réduction de la demande aux efforts socio- économiques, en passant par la mise en place de systèmes de certification, la sensibilisation des consommateurs et la promo- tion d’une gestion plus efficace, de la bonne gouvernance et d’autres moyens de subsistance. Elles doivent s’accompagner de mesures d’application de la loi, concernant notamment la protec- tion sur le terrain, le contrôle douanier le renforcement de la loi et des initiatives des services policiers et judiciaires. La sensibilisation des consommateurs et la réduction de la demande constituent un élément critique à long terme qui doit faire l’objet d’une attention accrue. En 2007, une enquête menée auprès de 1 880 personnes vivant dans six villes chinoises 159  a révélé que 43 % d’entre elles avaient déjà consommé des produits supposés contenir des sous-produits du tigre. 71 % de ces personnes ont déclaré préférer les produits d’origine sauvage à ceux d’élevage, les princi- paux produits utilisés étant les emplâtres (38 %) et le vin (6,4 %) à base d’os de tigre. 88 % des personnes interrogées étaient informées du caractère illégal de l’achat ou de la vente de sous-produits du

tigre et 93 % jugeaient l’interdiction de ce commerce nécessaire à la protection des tigres sauvages. Toutes les catégories de revenus ont déclaré utiliser des emplâtres à base d’os de tigre, dont la demande est plus forte chez les consommateurs plus âgés et les femmes. Or, aucune des sept marques d’emplâtre testées dans le cadre de cette étude ne contenait des traces d’os de tigre 160 , confortant les conclusions d’une enquête réalisée en 2005–2006 dans 518 points de vente d’articles de médecine traditionnelle en Chine au cours de laquelle il était apparu qu’aucun sous-produit du tigre ne figu- rait dans les ingrédients des emplâtres 161 . À cet égard, 3 % seule- ment des consommateurs jugeaient que les produits qu’ils ache- taient n’étaient pas authentiques. 12 % estimaient que les produits étaient authentiques, et 85 % ont déclaré de pas savoir si les produits utilisés contenaient bien des ingrédients à base de tigre 162 . Les programmes de sensibilisation des consommateurs sont par conséquent extrêmement importants, non seulement pour les sous-produits du tigre mais aussi pour l’ensemble des espèces

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