LA CRISE DE LA CRIMINALITÉ ENVIRONNEMENTALE

régions, notamment le Népal et l’Inde, mais aussi la Sibérie, a toutefois fortement augmenté. Le braconnage s’est soldé par une chute brutale des populations et l’extinction de 3 des 9 sous- espèces. À l’heure actuelle, il existe encore quelques populations de tigres au Bangladesh, au Bhoutan, au Cambodge, en Chine, en Inde, en Indonésie, au Laos, en Malaisie, au Myanmar, au Népal, en Russie, en Thaïlande et au Viet Nam. Le déclin du tigre est dû à la perte de son habitat, à la chasse et au braconnage pour la médecine traditionnelle. À ce jour, il n’existe aucune preuve médicale de l’efficacité des produits dérivés du tigre, leur utilisation relevant de la superstition et des croyances. La grande majorité de ces produits ne contient d’ailleurs absolument aucun extrait de tigre. Les propriétés médi- cinales de ces produits censés, entre autres, guérir les douleurs articulaires et du dos, la paralysie et les spasmes musculaires et protéger la personne qui en consomme, n’ont aucun fondement scientifique. Les prix de vente en gros déclarés varient considé- rablement (4 000 à 6 000 dollars US, pouvant grimper jusqu’à 20 000 ou 30 000 dollars US). La vente de produits issus des os de tigre sauvage peut rapporter entre 1 250 et 3 750 dollars le kilo, à raison de 20 kilos d’os par tigre en moyenne 35 . D’autres sources indiquent des prix de l’ordre de 370 à 400 dollars US le kilo d’os et d’environ 200 dollars US pour les yeux (censés soigner l’épilepsie et le paludisme). Un kilo de poudre d’humérus (censé soigner les ulcères, les rhumatismes et la typhoïde) peut coûter plus de 3 000 dollars US. Le kilo d’os en poudre coûte quant à lui généralement entre 140 et 370 dollars US 36 . En 2007, une enquête menée auprès de 1 880 personnes vivant dans six villes chinoises a révélé que 43 % d’entre elles avaient déjà consommé des produits supposés contenir des sous-produits du tigre 37 . 88 % des personnes interrogées étaient informées du caractère illégal de l’achat ou de la vente de sous- produits du tigre. Toutes les catégories de revenus ont déclaré utiliser des emplâtres à base d’os de tigre, dont la demande est plus forte chez les consommateurs plus âgés et les femmes. Or, aucune des sept marques d’emplâtre testées dans le cadre de cette étude ne contenait des traces d’os de tigre 38 , confortant les conclu- sions d’une enquête réalisée en 2005–2006 dans 518 points de vente d’articles de médecine traditionnelle en Chine au cours de laquelle il était apparu qu’aucun sous-produit du tigre ne figurait dans les ingrédients des emplâtres 39 . La communauté internationale a clairement exprimé la néces- sité de réprimer efficacement le trafic de tigres. En 2010, lors du Sommet mondial du tigre organisé à Saint-Pétersbourg, les dirigeants des 13 pays de son aire de répartition ont approuvé le Programme mondial de rétablissement du tigre, un plan d’action visant à doubler les populations d’ici 2022, renforcer les réserves, lutter contre les braconniers et offrir des incitations finan- cières pour maintenir une population de tigres en plein essor 40 . INTERPOL, conjointement avec les États membres, a fourni des recommandations pour la protection de l’espèce. L’action inter- nationale n’est toutefois pas suffisante. Pour assurer la survie de l’espèce, une approche globale s’impose, associant une bonne protection sur le terrain, la sensibilisation des consommateurs et surtout la préservation des habitats. La situation de certaines populations est en revanche si critique que leur protection immé- diate, sur le terrain, s’impose de toute urgence.

a interdit le commerce national d’os de tigres et de leurs dérivés (à des fins médicinales notamment) afin de contribuer à appli- quer l’interdiction du commerce international du tigre entrée en vigueur avec la CITES. Cette interdiction a mis fin à une impor- tante industrie licite. La demande de sous-produits d’autres

39

Made with