Droughts in the Anthropocene

Introduction

Les sécheresses sont des aléas naturels à évolution lente qui peuvent durer de quelques mois à plusieurs décennies et toucher des étendues plus ou moins importantes, qu’il s’agisse de petits bassins versants ou de surfaces de centaines de milliers de kilomètres carrés. Outre leurs effets directs sur les ressources en eau, l’agriculture et les écosystèmes, les sécheresses peuvent provoquer des incendies et des canicules et favoriser les proliférations d’espèces envahissantes, créant des environnements aux risques multiples, aggravant les conséquences sur les écosystèmes et les sociétés et accentuant leur vulnérabilité. Bien qu’il s’agisse de phénomènes naturels, on comprend de mieux en mieux comment l’homme a accru la gravité et les effets des sécheresses à la fois sur l’environnement et sur les populations humaines. L’homme influence les sécheresses météorologiques et hydrologiques respectivement par son action sur le changement climatique et par sa gestion des flux et des processus hydriques à l’échelle paysagère, par exemple en détournant les cours d’eau ou en modifiant l’utilisation des terres. À l’Anthropocène (période actuelle où l’homme exerce une influence dominante sur le climat et l’environnement), les sécheresses sont étroitement liées aux activités, aux cultures et aux réactions humaines. Les sécheresses touchent les économies (entraînant des dommages qui se chiffrent à plusieurs dizaines de milliards de dollars chaque année) mais également les écosystèmes et les sociétés, en particulier dans les régions arides et subtropicales et dans les pays en développement. Entre 1995 et 2015, les catastrophes naturelles liées à la sécheresse ont frappé 1,1 milliard de personnes et ont fait 22 000 morts [1]. Les femmes et les filles sont souvent les plus durement touchées par les sécheresses, les inégalités entre les sexes, la répartition inéquitable du pouvoir et le contrôle limité des ressources les rendant encore plus vulnérables aux effets de ce phénomène. Pallier la pénurie d’eau dans les bassins transfrontaliers est un défi complexe : d’un côté, le changement climatique et les influences humaines exercent des

pressions sur les réserves d’eau douce ; de l’autre côté, les lacs et les rivières qui traversent les frontières internationales exigent la mise en œuvre d’interventions coordonnées qui prennent en considération les bassins dans leur ensemble. Par conséquent, la lutte contre les sécheresses à l’ère de l’Anthropocène exige l’adoption de nouvelles approches et la mise en commun des connaissances pour trouver des solutions durables. Afin d’atténuer les effets des sécheresses, il est important de prendre les mesures suivantes : renforcer les capacités humaines et institutionnelles, assurer l’accès aux informations pertinentes d’alerte rapide qui aident à la prise de décisions et permettent aux communications et aux interventions d’atteindre le « dernier kilomètre », recenser les communautés vulnérables, et intégrer l’ensemble de ces composantes dans des politiques proactives de gestion de la sécheresse [2]. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) œuvre dans les domaines de la gestion de l’eau et de l’hydrologie depuis plus de 70 ans en soutenant la recherche, le renforcement de capacités, et la gestion des ressources en eau. Entre 1948 et 1964, les Initiatives sur les zones arides ont permis d’attirer l’attention sur l’importance de la recherche hydrologique et de la gestion de l’eau dans les paysages arides. La Décennie hydrologique internationale qui a suivi (1965-1974) a permis des avancées considérables au niveau régional en matière de recherche, de formation, de renforcement des capacités et d’études hydrologiques, posant les fondations du Programme hydrologique international (PHI) lancé en 1975. Ce programme a donné à l’UNESCO un rôle plus actif aux différents niveaux de gouvernance (mondial, régional et local), en vue d’accroître la durabilité des ressources en eau. Depuis sa création, le PHI a élargi son champ d’action grâce à des initiatives et à des programmes associés, et en instaurant des centres mondiaux et régionaux ainsi que des points focaux en collaboration avec les chaires UNESCO. Par l’intermédiaire de son programme principal et de ses initiatives telles que le Réseau mondial d’information sur l’eau et le développement dans les zones arides

(G-WADI) ou l’Initiative internationale sur la sécheresse (IDI), le PHI continue d’aider les pays à recenser et à combler les lacunes et les besoins en matière de gestion de la sécheresse, d’une part en renforçant les capacités de gestion des ressources en eau aux niveaux mondial, régional et local et, d’autre part, en fournissant un accès aux données et aux recommandations stratégiques visant à mieux intégrer la gestion de la sécheresse. Parallèlement à ces initiatives, le PHI mène le programme « Du conflit potentiel au potentiel de coopération » (PCCP), qui vise à promouvoir une gestion collaborative et durable des eaux transfrontières afin d’assurer la paix et la sécurité hydrique. Ce document a été élaboré dans le cadre de l’exposition numérique interactive intitulée Les sécheresses dans l’Anthropocène, organisée à l’occasion de la quarantième session de la Conférence générale de l’UNESCO et de la 25e Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC). L’exposition présente plusieurs études de cas provenant du monde entier qui visent à montrer les effets sociaux, environnementaux et culturels des sécheresses et de la pénurie d’eau. Elle met en avant les solutions issues de la collaboration entre les scientifiques et les communautés locales, ainsi que les actions majeures menées par l’UNESCO-PHI afin de rapprocher la science de la société et des décideurs, en vue de combattre plus efficacement les effets des sécheresses. L’exposition présente également les initiatives menées par la jeunesse afin de lutter contre le changement climatique, ainsi que les travaux de jeunes hydrologues et professionnels de l’eau. En préparation de l’exposition, de jeunes chercheurs ont aidé à rassembler les études de cas et ont participé à la conception d’une plateforme en ligne interactive donnant des prévisions en temps réel sur les conditions météorologiques et la sécheresse. Cette publication et l’exposition qui lui est associée sont le fruit du travail réalisé par l’UNESCO- PHI en partenariat avec GRID-Arendal, l’Université de Southampton et le National Integrated Drought Information System (NIDIS) des États-Unis.

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