Droughts in the Anthropocene

Zambie – Gérer des objectifs multiples dans un environnement en évolution

La Zambie est un pays enclavé situé au centre de l’Afrique australe. Selon les estimations, 60 à 70 % des 2,5 millions d’habitants que compte sa capitale, Lusaka, vivent dans des quartiers informels ou des zones périurbaines [1][2]. Pendant et le pays a déjà connu la saison sèche, la Zambie est exposée aux sécheresses et a déjà connu des pénuries d’eau. D’après les prévisions, le changement climatique devraient entraîner une diminution des précipitations et une hausse des températures dans la région, ce qui aurait pour effet de baisser les niveaux d’eau et d’augmenter l’évaporation. La station de traitement des eaux de Iolanda alimente environ 40 % de l’approvisionnement en eau des services publics de Lusaka, le reste de l’alimentation étant assuré par l’eau provenant des puits [3]. Cette station de traitement fonctionne à l’énergie hydraulique et connaît fréquemment des coupures d’électricité. L’approvisionnement en eau qui alimente Iolanda provient de la rivière Kafue, et l´hydroélectricité provient des barrages situés dans les gorges de Kafue. Cela signifie que le niveau d’eau dans le réservoir des gorges de la rivière Kafue influe non seulement sur la disponibilité des ressources hydriques, mais également sur l’alimentation électrique. Cette situation rend la ville de Lusaka particulièrement vulnérable aux risques climatiques, la baisse des niveaux d’eau entraînant des coupures d’électricité qui se répercutent à leur tour sur l’alimentation en eau de la ville [3]. L’analyse de décision fondée sur les risques climatiques (CRIDA) est une approche ascendante du processus décisionnel spécialement conçue pour répondre aux problématiques hydriques dans les zones vulnérables. Elle s’adresse aux professionnels et aux parties prenantes des pays en développement confrontés à la sécheresse et à d’autres facteurs difficilement prévisibles tels que le changement climatique. L’approche CRIDA repose sur un principe fondamental qui consiste à

impliquer l’ensemble des parties prenantes afin de définir de manière collaborative des objectifs précis pour chaque décision à prendre. Le Millennium Challenge Corporation (MCC) a adopté cette démarche pour décider des modalités de résolution des problèmes détectés au niveau de la station de traitement de Iolanda, que le MCC s´était engagé a réhabiliter dans le cadre du Projet d’alimentation en eau, d’assainissement et de drainage de Lusaka (LWSSD) [4]. Le PHI a également adopté l’approche CRIDA pour impliquer les diverses parties prenantes de différentes régions dans la conception d’un test de stress climatique fiable, destiné à mettre en évidence les incertitudes des projections climatiques en matière de gestion des ressources en eau, en coopération avec des centres de catégorie 2 et des centres d’excellence. L’Alliance for Global Water Adaptation (AGWA), le Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis (USACE), l’institut Deltares, le ministère de l’Infrastructure et de la Gestion de l’eau des Pays-Bas, l’UNESCO et le Centre international pour la gestion intégrée des ressources en eau (ICIWaRM) ont récemment publié un document intitulé Climate Risk Informed Decision Analysis (CRIDA): Collaborative Water Resources Planning for an Uncertain Future [5]. L’approche CRIDA permet d’analyser les risques au moyen d’un processus appelé « échelonnement des décisions », qui consiste à examiner l’état actuel de fonctionnement du système d’approvisionnement en eau avant d’intégrer les différents risques à l’analyse. Dans le cas de la station de traitement de Iolanda, la fréquence des coupures d’électricité exigeait la réalisation d’investissements, et ce, indépendamment des risques climatiques à venir. L’analyse de vulnérabilité a ensuite révélé que le problème principal était le manque d’électricité, dans la mesure où une coupure se produirait avant que le niveau d´eau ne soit descendu en deça des valves d´entrée. La pénurie d’eau traitée en provenance de la station pourrait entraîner une augmentation des maladies d’origine hydrique, des retards de

croissance et de la mortalité, ainsi qu’une baisse de productivité économique. Le niveau de risque étant considéré élevé, il a été convenu de mettre en place des stratégies d’atténuation solides et souples [3]. Trois stratégies ont donc été définies : acquisition et installation de groupes électrogènes ; conclusion d’une convention d’alimentation électrique qui donnerait priorité à la station de traitement en cas de coupure; et construction de grands réservoirs de transfert permettant de stocker l’eau destinée à alimenter la ville. L’efficacité, la faisabilité et le coût de ces solutions ont ensuite été évalués. Après une analyse des coûts supplémentaires tenant compte de la volonté exprimée au niveau politique, la première stratégie a finalement été choisie (groupes électrogènes). S’il n’a pas été jugé nécessaire de mettre en application la solution retenue à ce moment-là, les travaux de réhabilitation en cours devraient permettre aux infrastructures d’accueillir les groupes électrogènes en temps voulu [3]. Le fait d’assurer un développement infrastructurel tenant compte des risques présents et futurs permet de fournir des services plus fiables, ce qui accroît la probabilité de durabilité à long terme des ressources en eau et en électricité. Les améliorations apportées à la station de traitement de Iolanda ne sont pas seulement attribuables à l’approche CRIDA; by car le travail financé par le MCC à Iolanda s´est inscrit dans un projet plus large de développement visant à améliorer l’approvisionnement en eau, l’assainissement et le traitement des eaux usées en Zambie. Il s’agit là d’un seul exemple parmi les différents projets qui contribuent à l’émergence d’une nouvelle communauté de pratique mondiale. Cet exemple pourrait inciter d’autres acteurs à employer des méthodes similaires afin de prendre des décisions éclairées en matière de gestion des ressources en eau, qui s’inscrivent dans une optique de durabilité.

AFRIQUE

25