Des Éléphants Dans La Poussière

AFRIQUE

À l’exception de Cobb (1989) et de Martin et Stiles (2000), les enquêtes de suivi du marché de l’ivoire réalisées dans des pays sélectionnés sont partielles (Dublin et al. 1995 ; Madzou 1999 ; Courable et al. 2004 ; Mubalama 2005 ; Martin et Mil-liken 2005 ; Vigne et Martin 2008 ; Latour et Stiles 2011 ; Randolph et Stiles 2011 ; Stiles 2011). Quatre conclusions peuvent être tirées de ces rapports : 1. Dans les pays où les contrôles internes du gouvernement sur les marchés de l’ivoire sont insuffisants (Angola, RDC, Égypte, Mozambique, Nigéria et Soudan), l’activité du mar- ché de l’ivoire illégal reste élevée, voire est en expansion. 2. Lorsque le gouvernement a mené des opérations de confis- cation de l’ivoire et arrêté les trafiquants, comme au Ca- meroun, au Congo et en Éthiopie, la vente libre d’ivoire a fortement diminué. 3. L’activité du marché de l’ivoire a connu la plus forte crois- sance là où les Chinois sont des acheteurs importants, comme au Nigéria et au Soudan, bien que les diplomates, membres du personnel des Nations Unies, touristes étrangers et hommes d’affaires soient également des acheteurs importants. 4. La taille et la qualité des défenses utilisées dans les ateliers locaux africains ont diminué et la taille moyenne des pièces travaillées a chuté. Cela résulte probablement de l’exportation des défenses de plus grande taille et de qualité supérieure, leur prix pouvant être beaucoup plus élevé à l’étranger.

Jusqu’à récemment, la plupart des pays africains autorisaient la vente libre des de l’ivoire travaillé, même si ces ventes étaient illé- gales sans les documents adéquats. Le Kenya est une exception notable puisqu’il avait interdit le travail et le commerce de l’ivoire avant l’interdiction de 1989 par la CITES. Les premières études portant sur des marchés de l’ivoire sélectionnés ont été réalisées en 1989 par le Groupe d’examen du commerce de l’ivoire, afin de gérer des données de référence pour l’interdiction par la CITES (Cobb, 1989). En 1999, une étude sur le commerce de l’ivoire à l’échelle continentale a été réalisée dans 15 grands pays d’Afrique pour l’ivoire afin d’évaluer les effets de l’interdiction (Martin et Stiles, 2000). Cette même année, tous les pays étudiés, à l’excep- tion du Nigéria, ont enregistré une chute de la demande d’ivoire et une baisse de l’importance des marchés de l’ivoire, mesurée par les prix, le nombre de sculpteurs et de vendeurs, et les quan- tités proposées à la vente. Ce résultat corroborait l’affirmation se- lon laquelle l’interdiction du commerce de l’ivoire par la CITES contribuait à réduire la consommation d’ivoire. Le marché de la Côte d’Ivoire était le plus important, suivi par l’Égypte et le Zimbabwe. Le Gabon, où la suppression du marché a eu lieu à un certain degré, possédait le plus petit marché, ce qui suggère que la fermeture des marchés intérieurs peut réduire les ventes d’ivoire, et donc sa consommation. Des signes inquiétants d’une reprise de l’activité de l’ivoire à partir du milieu des années 1990 ont toutefois été constatés (Martin et Stiles, 2000).

En 1999, seul le marché de l’ivoire de Lagos, au Nigéria, avait enregistré une croissance depuis 1989. En 2011, il était encore plus important, mais la sculpture locale avait diminué et la plupart des articles étaient importés d’autres pays d’Afrique.

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