CARBONE VERT, MARCHÉ NOIR

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EXPLOITATION ILLÉGALE DANS LES ZONES DE CONFLIT

EXPLOITATIONSANS PERMIS DANS DES ZONES NON PROTÉGÉES

Dans de nombreuses régions reculées, ou lorsque la corruption est généralisée, l’exploitation illégale est pratiquée par des gardes ar- més ou par le « personnel de sécurité », qui chassent les habitants de la région. Cette méthode d’exploitation illégale a été l’une des plus pratiquées entre les années 1960 et le début des années 2000, en raison d’une réglementation publique insuffisante ou d’une non- application des lois dans les zones rurales. Les maires, fonction- naires et agents de police locaux étaient menacés ou, plus souvent, soudoyés pour fermer les yeux (Amacher et al. 2012). Dans de nombreux cas, cela se poursuit dans les régions très reculées et les zones de conflit, où le pouvoir local est aux mains des entre- prises ou des militants (PNUE-UNESCO 2007 ; PNUE-Interpol 2009).

L’exploitation illégale alimente directement de nombreux conflits car le bois est une ressource disponible pour ceux qui profitent des conflits ou pour financer les ventes d’armes. C’est ce qui se produit à la frontière entre le Laos et le Cambodge. Les campagnes de sensibili- sation menées par Global Witness ont contribué à fermer des postes frontaliers en RDC, au Soudan du Sud, en Colombie et à Aceh, en In- donésie, où les militaires étaient également impliqués dans de nom- breuses opérations d’exploitation illégale. Sans en avoir reçu l’ordre des autorités, les militants, guérilleros ou unités militaires imposent des taxes aux sociétés d’exploitation ou aux producteurs de charbon de bois, émettent des faux permis d’exportation et contrôlent les postes-frontières. Ils exigent fréquemment la suppression de tout contrôle de véhicules à la frontière et des patrouilles publiques dans les régions riches en ressources, patrouilles qui sont effectuées dans le cadre d’un accord de paix suivant de nouvelles revendications ou offensives territoriales. Parfois, des groupes rivaux s’accordent pour ne pas combattre dans certaines zones afin de tirer un profit mutuel de l’extraction des ressources naturelles, comme cela s’est produit à la frontière entre le Laos, le Vietnam et le Cambodge ces dernières décennies, ainsi qu’au Nord et Sud Kivu, en RDC. Au Cambodge, le commerce du bois cible de plus en plus les essences de bois précieux qui sont protégées par le droit natio- nal. En janvier et février 2004, des groupes armés opérant dans la province de Kratie ont illégalement abattu des espèces précieuses et en ont exporté le bois au Vietnam, en le faisant passer par les cols de la région de Valoeu. Ces activités ont été facilitées par des documents fournis par le ministre du Commerce et de l’Admi- nistration forestière, autorisant une série d’exportation de bois précieux, notamment l’exportation récente de plus de 1 000 m3 de bois de rose, d’une valeur approximative de 700 000 dollars. Ces opérations auraient impliqué d’anciens chefs de police de la région. Pour contourner l’interdiction d’exploiter, des opérations de récolte ont été dissimulées grâce à un éventail de permis illé- gaux afin de répondre aux demandes du commerce transfronta- Le blanchiment de bois illégal compro- met la réforme forestière au Cambodge

lier illicite de bois avec la Thaïlande, le Vietnam et le Laos. Global Witness, communiqué de presse, 20 février 2004

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